PATRICK JOQUEL Sur ce site, mon agenda des manifestations, des animations ainsi que les dernières publications.

lectures septembre 22

Lectures de septembre 22
Patrick Joquel
www.patrick-joquel.com

revue poésie
Titre : Gustave Junior 3
Auteur : journal de poésie pour enfants
Éditeur : LE CENTRE DE CRÉATIONS POUR L’ENFANCE DE TINQUEUX
www.danslalune.org
Année de parution : 2 022
Un numéro trois bien sympathique avec une poignée de poètes français ou étranger dont une américaine Hettie Jones à lire en Anglais puis en Français.
Les autres : Laetitia Gaudefroy-Colombot, Joep Polderman, Dominique Sampiero, Vincent Tholomé. Des écritures diverses, des thèmes divers : chacun dénichera au moins un poème qui lui conviendra. Je ne vous dirai pas lequel pour moi. En prime : un atelier de création proposé par Bernard Friot. Pour bien commencer l’année scolaire, j’invite les enseignants à découvrir ce Gustave Junior et à l’offrir à leurs élèves. C’est gratuit. C’est ici : www.gustavejunior.com

Patrick Joquel
www.patrick-joquel.com

Titre : Journal des poètes
numéro 3/2022
Éditeur : Le Taillis pré
Année de parution : 2 022

Un riche numéro. C’est habituel. Et on ne s’en lasse pas. L’éditorial de Jean-Marie Corbusier parle du livre et de l’aventure qu’est le choix puis la lecture d’un livre. Cette prise de risque. Il le termine avec cette phrase « L’aueur du livre comme un compagnon à corps absent… ». L’auteur comme compagnon, oui. J’aime bien cette idée.
Un grand dossier sur la poésie franco-manitobaine par J.R.Léveillé donne un bel aperçu de ces écritures à travers deux siècles. Des poètes inconnus pour moi et derrière leurs poèmes toute une histoire de colonisation, de métissage, de recherche d’identité. Comme quoi la poésie témoigne aussi du monde réel et à hauteur d’humain.
Le dossier Paroles en archipel présente trois poètes : Gérard Pinsart, Marie-Claire Verdure, Éliane Vernay.
Puis le dossier à livre ouvert recense quelques nouveautés éditoriales qui témoignent de la vitalité de l’édition poésie et de la diversité des écritures des poètes. Une richesse dont nous sommes les passeurs.

Un site web : lejournaldespoetes.be
présence également sur facebook.

Le nuage passe dans tes yeux
comme une éclaircie. Rien
de plus transparent quel
cette question que retroussent
tes lèvres où j’enfouis
le secret de ma nudité.
J.R.Léveillé Les fêtes de l’infini, éditions du Blé.

*

Roman
Titre : Majid. Le chemin d’Azza et Majid. L’homme qui vient
Auteur : Félix Chabaud
Éditeur : éditions Parole
Année de parution : 2 021
17€

Deux livres qui nen font qu’un. À lire dans l’ordre et l’un à la suite de l’autre. Embarquement immédiat à bord d’un homme : Majid.
Embarquement immédiat pour le désert. Un ado, Majid, et son père, sur la « dune qui chante », un soir, regardent les étoiles. Le père, un nomade descendant des rois du désert, lui explique les noms, les directions et son départ proche pour l’Europe. Veillée fondatrice pour Majid.
Le père part pour l’Europe. Le monde moderne avec ses frontières a fermé les pistes des caravanes, le sable a recouvert les jardins, les paysans sont partis à la ville. La pauvreté s’est invitée sous la tente de laine. L’ancien roi du désert refuse de mendier sa vie auprès des voyagistes et de leurs touristes amateurs d’authentique…
Il part et confie sa femme, sa fille, son dromadaire blanc et les dernières chèvres à Majid. Il ne reviendra pas : noyé entre Ceuta et l’Espagne.
Majid est seul. Même quand les touristes en voyage organisé 4×4 viennent au campement et s’émerveillent, il se cache. Il ne parle pas leur langue. Il est pauvre. Il se cache et rêve aux temps anciens, aux jours meilleurs.
L’ami de son père le conduit à l’école. Il apprend à lire et découvre le monde auprès de Naïma, l’institutrice.
Et puis c’est l’obligation de partir, de renouer avec le nomade. Le désert. Un village de montagne. Une vie de berger… et puis… La ville. Un village de pêcheur. Des amis au passage. Des guides. Des sauveurs. De la chaleur humaine en partage, la vie simplement. Le passage en mer. L’Espagne. Le sud de la France. La vie d’un sans papier. Sans fioriture. Une nouvelle vie…
Sans jamais oublier d’où il vient, ni ceux qui l’ont accompagné sur le chemin, Majid trace une route, un jour après l’autre. Une vie de nomade.
Ces deux livres, dans une écriture sablée. Châtoyante comme la lumière des dunes. Silencieuse et bruissante de vie comme les paysages que Majid traverse. Un livre dont on ressort élargi, avec plus d’horizon. Et sans doute un peu meilleur.

editionsparole.fr

l’homme qui vient
page 141
Je m’installe au lever du soleil sur un rocher plat qui domine le onde. Mon regard est ouvert à l’océan tout entier, je le sens qui m’envahit comme une onde forte, vivifiante. Quelquefois, je fixe la crête d’une vague au plus loin et je suis sa trace jusqu’au rivage. Je la vois naître, vivre un temps, puis se déformer, se multiplier, se dissoudre soudain dans le sable. Nous ne sommes que cela, un corps et une énergie éphémères, apparus au vent de rencontres, de désir et d’amour, et il y a la vie dans notre ventre.

Page 158
Je ne fuis pas. Je m’en vais demain parce que « aller me suffit ».
Je m’en vais libre au vent de mon histoire.

Page 180
sa route est l’empreinte de ses pas.

Page 307
on ne devrait pas avoir besoin d’un papier pour exister parmi les hommes.

*
Titre : Les présents
Auteur : Antonin Crenn
Éditeur : Publie.net
Année de parution : 2 020
17€
Un récit envoûtant. On ne sait pas trop où on marche entre ces lignes. Dans le présent d’un jeune homme de 28 ans (Théo) ? Dans ses souvenirs d’enfance ? Souvenirs réels même enjolivés par le temps ou bien souvenirs imaginés ? Dans sa mémoire ? Mais laquelle ?
On marche en tout cas dans un quartier bien précis. Paris, autour de la place de la Bastille, boulevard Voltaire et alentour. Puis dans un village de Bretagne où Théo cherche l’ombre de son père, ses traces ; l’ombre de son grand-père et de son arrière-grand-père aussi… La mémoire méandre entre faits réels, photos anciennes, imagination et brumes…
envoûtant. Difficile de poser le livre en fin de chapitre. Magie d’une écriture chuchotée.
Un questionnement lancinant sourd entre les mots, dans les blancs de la page. Le rapport entre soi et le lieu. Le lieu est-il fondateur d’une identité ? L’identité d’un être se forge-t-elle en arpentant le lieu ? Le lieu est-il source ? Abri ? Ou bien prétexte à marcher ? Les pas créent la pensée ou bien est-ce la pensée qui crée les pas ?
Tout cela à la fois sans doute, à des degrés différents selon les individus. Je me suis posé la question ce matin en arpentant les pentes de Pra Loup à pieds au lever du jour. Les divers de lieux de ma vie sont comme des jalons, des étapes. Ils ont contribué à mon identité, chacun à son époque, à ce moment de mon histoire. Ces lieux, je les ai traversés en absorbant leurs paysages, leurs amitiés, leurs chaleurs ou leurs froids, leurs brumes et leurs pluies… Tant de paysages respirent en moi…
Si les humains se divisent en deux catégories : sédentaire ou nomade, je suis résolument nomade.
www.publie.net

Parfois, une trappe s’ouvre dans le décor quotidien. Vous étiez passée mille fois devant, sans la voir, et soudain vous vous engouffrez dans la brèche, c’est magnétique. C’est un passage dans le temps ou, mieux encore, un empilement : plusieurs époques cohabitant dans un même espace. Vous avez vingt ans ou cent ans, et ce fantôme derrière vous, en a autant. Je crois qu’on est arrivés : rez-de-chaussée, tout le monde descend.
Page 17
*
Titre : l’épaisseur du trait
Auteur : Antonin Crenn
Éditeur : Publie.net
Année de parution : 2 018
19€

Voici quelque chose de nouveau pour moi. Une écriture chuchotée. Douce et tranquille. Que j’ai suivie avec un plaisir nonchalant et une curieuse gourmandise. On est dans un quartier de Paris, avec Alexandre, un grand ado lycéen. Juste un quartier. Juste une vie et ses copains. Comme tous les quartiers de toutes les villes, il y a un plan. Tout le roman promène son lecteur entre le quartier réel et son plan. Un plan, avec ses plis, ses cases et ses orientations. Comment vivre chez soi quand la maison est traversée par un pli ?
Ça surprend. Ça amuse. Ça déroute mais comme on a un plan, on se perd pas. On suit. Beaucoup de sourires à lire ces pages.
Un livre qui nous entraîne dans l’imaginaire tout en restant ancré (encré) dans le réel d’un quartier, d’une vie. Pas besoin d’explorer le globe quand on a sous les pieds, sous les yeux des centaines d’aventures locales.
Un livre à lire dès 15 ans pour tous ceux et toutes celles qui aiment être surpris.

https://www.publie.net/2019/01/09/nouveaute-lepaisseur-du-trait-dantonin-crenn/