17 vues du mont silence
17 vues du mont Silence
Patrick Joquel
DerezADerez
Donner à voir
1
Solitude
Profonde liberté
Sous l’épaule
Suinte l’écriture
Sous la plume
Crisse le papier
L’horloge
Feutre la pénombre
Le silence est d’encre
Où s’ancre la parole
2
Le temps
Entre ses rides
A pris mon visage
Et
Contemple
Rêveur
Mon présent
Le temps
Présent continu
creuse en silence mes paysages
Respire
Libre
Leur odeur d’herbes sèches
Dans mes paniers d’osier
Les bouquets de fleurs séchées
Couvrent
De leur âcre saveur
Mes souvenirs
3
Toutes mes heures m’accompagnent
Intimes cheminements phréatiques
Elles somnolent
Pétrifiées
Sous des voûtes calcaires
Leurs résurgences m’éclairent
4
Voici venus les soirs de flambées
Je me tiens
Pelotonné
Contre ma mémoire
Dehors
Le vent chargé de pluies
Fouette
Les villages
Cingle
Les rochers
Exacerbe
Les nostalgies
5
D’anciennes douleurs
Nichent au pli de l’œil
Leur patine ocre la mémoire
Autour de moi
Les objets pèsent de toute leur histoire
Ils retiennent ainsi le foyer
A mon souffle
Et
M’interrogent
6
Pourquoi cette terre
Où se juxtaposent autant
De si brèves existences
Pourquoi ce linceul
Où se déposent
Autant de rêves inachevés
Pourquoi ce silence
Où la mort se repose
Page vierge
De toute prose
7
On s’éloigne
Oh Dieu comme on s’éloigne
Et chacun
Sur sa trajectoire infinie
Offre un cœur à la vie
Agrippe à deux mains sa mémoire
Et s’éloigne
Une comète en témoigne
A genoux sur son tourbillon d’étincelles
Un sanglot sur la pierre étreint la peine
Et s’enfuit
Je m’éloigne à mon tour
Oui je m’éloigne aussi
8
Tôt ou tard
On est seul sur terre
Avec pour seule compagne
Sa voix de petit enfant
La nuit
C’est avec cette voix là
Qu’on appelle encore
Au chevet d’un cauchemar
Plus personne ne répond au cri
Plus rien ne le console
On est alors mûr pour l’amour
Disponible au cosmos
Et la louange
Au matin
Nous prend par l’épaule
Et ne nous quitte plus
9
La mort peut bien venir
Je n’ai plus peur de partir
La douceur
Des pluies d’octobre
Revient à mon chevet
Bercer l’écho lointain
De mes premiers rêves
10
J’entends enfin
Ce que murmure
Aux chardons bleus
De mes garrigues
Un grain de sable égaré
« Puisqu’on ne sait pas quand finit
La chanson chantons à tue tête
Et à pleines mains mes amis
Demain sonneront d’autres fêtes »
11
Dehors
Avec la nuit
Le ciel s’absente
A l’intérieur
Contre les braises
Les mots
Un à un
S’apaisent
Et
se taisent
12
Silence
Libre espace
Où s’évade
Le regard
Où
Songe
Songeur
Un songe
13
Le silence
Souffle ébloui
Façonne
Et l’espace
Et le temps
Le silence
Seul me libère
Seul
Un silence
M’espère
Et m’attend
14
Tu le sais bien
Le dernier mot du poème
Ouvre au silence
Une éternité
Dont tu ne sais rien encore
Écoute