PATRICK JOQUEL Sur ce site, mon agenda des manifestations, des animations ainsi que les dernières publications.

automne 2025 anthologie

Automne haiku et poèmes

Neige
Sôseki
haïkus
Picquier poche

J’ouvre la fenêtre -
le vieil automne
entre se réchauffer
jubien

Demandez au vent
quelle feuille tombera
la premièreAutomne

Patrick JOQUEL

Novembre un matin
Je croustille un croissant
La rue roule sa rumeur automobile
Ciel gris
Le héron de 8h02 traverse mon regard
Novembre un matin
Trottoir tranquille
Peut-être un dernier matin
Peut-être pas
Cela n’a aucune importance
Un héron dans les yeux je croustille un croissant
Novembre un matin

Poème inédit. (2017)

haiku

Ce chemin
seule la pénombre d’automne
l’emprunte encore
Bashô

Le Bashô dans la tempête
et la pluie dans mon baquet
toute la nuit !
Bashô

Jour de bonheur tranquille
Le Mont Fuji voilé
Dans la pluie brumeuse
Bashô

En silence la nuit
Place son grand névé
Sur les tapis d’automne

Hervé bienfait
Dans les arbles
Livre d’artiste avec Anne-Laure Héritier-Blanc

Il brama trois fois
puis on ne l’entendit plus
le cerf sous la pluie
Buson
66 haïku verdier
Cueillant des champignons
je lève la tête
la lune et sur la cime
Buson

Foulant les feuilles des ginkgo biloba
Tranquillement le gamin
Descend la montagne
buson

le ventre du ciel
a laissé des touffes de laine
aux bois des lavandes
Jacques Ferlay
gué calendaire clapas 2004

« Je ramasse les feuilles »
dit l’automne en blouse grise
Les bambous refusent
Jacques Ferlay
gué calendaire clapas 2004

Les feuilles tombent
sur les feuilles
la pluie tombe sur la pluie
Gyôdai

Déclin de l’automne
La dernière feuille du figuier
ce soir est tombée
Bruno Hulin

Sous la lune du soir
l’escargot
torse nu
Issa

Ce matin
c’est l’automne à dire ces mots
je me sens vieillir
Issa
Ce monde souffre
même les herbes le disent
qui se courbent au couchant
Issa

Foudre et tonnerre !
à chaque éclair
le monde guérit
Issa

Le calme discret des kakis
absorbe le soleil
au plus profond
Fura

Pour les champignons
arbres et taillis gardent
la loi du silence
Jacques FERLAY
 

La pluie pique
à petits points d’étoiles
la soie de l’eau
Jean-Hughes Malineau
L’un et l’autre
HC

Dans le jardin d’automne
une cordillère de taupinières
couverte de givre
Jean-Hughes Malineau
L’un et l’autre
HC
le pommier croque
un nuage noir
Jean-Hughes Malineau
L’un et l’autre
HC

Un bruit de feuille morte
égratigne en passant
le silence du jardin
Malineau
Un coup d’aile de papilon

Dans l’eau noire
et le sillage d’un colvert
la cathédrale tremble

Jean-Hughes Malineau
L’un et l’autre
HC
*
Sous les préaux, les palets
Des marelles atteignent
Leurs ciels de craie.
Michel MARTIN
Fraîcheur du vent
la voix des pins
emplit le ciel vide
Onitsura

*
fin de novembre
le but de foot vide
laisse passer les feuilles
daniel Py
*
 » Il ne souffle pas
que sur les arbres et les plantes
le vent de l’automne  »
extrait de Jours d’errance – 109 haïkus de Seigetsu
traduit par Makoto Kemmoku et Patrick Blanche*

Qui déteste ce monde
se doit d’aimer
les fleurs de chardon
Shiki

Dites-leur bien
que j’étais un mangeur de kakis
aimant les haïkus !
Shiki

Devant les chrysanthèmes
ma vie
fait silence
Shûôshi

Poèmes

*

J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nos verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends
Guillaume Apollinaire
alcools

*

Automne

La feuille
qui tombe
effleure
ma joue

La feuille
qui joue
effleure
ma tombe

Jacqueline Astegiano
Une chouette dans les pommes
L’Idée Bleue

*

AUTOMNE

Bourrasques d’odeurs,
ballets de buissons,
cloche-pied des teintes,
quand la lumière éteinte
roussit la saison.

Paul Bergèse
« Carrés de Montagne »
éd. Les cahiers de l’arbre

*

L’automne s’ouvre
avec ses couleurs d’écureuils
ses bogues de châtaignes,
la danse rouge des houx,
le délire noir des nuages,
et l’envie de mettre ses mains
dans les mains du vent.
Annie Briet
Dans le cercle des saisons
Pluie d’étoiles éditions

*

Sur la pierre chaude
du midi d’automne,
il se déploie,
se replie. Les ailes
palpitent :
le papillon
déguste le dernier soleil.
Jacques Canut

*
Vient de paraître de Benjamin Fondane (1898-1944) Poèmes d’autrefois, Le Reniement de Pierre aux éditions Le Temps qu’il fait. Livre qui rassemble des poèmes écrits en roumain par le jeune Fondane entre 1917 et 1923. Présentation de ce livre ici.
   
   
PLUIE
   
Il pleuvait hier au soir sur le toit.
Il pleuvait de la tôle, il pleuvait la pluie,
il pleuvait le moisi, il pleuvait l’automne,
il pleuvait l’automne !
   
Il pleuvait la tristesse, il pleuvait la grisaille, il pleuvait,
il pleuvait du vent dans les cheminées, soupirs et cris,
la pluie tourmentée battait du bec contre le carreau,
battait du bec sur les carreaux comme un oiseau de nuit,
le bec dur de pluie.
   
Les châtaigniers lourds de sanglots, maculés de feuillage,
grinçaient, les châtaigniers sanglotaient et poussaient des cris
sur l’asphalte mouillé de pluie, une pluie d’un autre ciel,
une pluie obscure et âpre – orgues de litanies,
il pleuvait des litanies.
   
Je n’attends que la pluie et personne d’autre à ma porte !
Je n’attends personne à ma porte, que la pluie ; la pluie,
et le grésil jusque dans les yeux de lune, la chouette,
la pluie couleur de cendre et le vent, et la feuille morte –
le vent et la feuille morte –
je n’attends que la pluie et personne d’autre à ma porte.
   
Le passé comme un orage, la femme comme un orage,
pourquoi sont-ils venus sous la pluie, le vent – feuilles mortes,
pourquoi sont-ils venus sous la pluie, passant par ma porte,
par ma porte comme un orage ?
   
Pourquoi le passé est-il la pluie et la pluie le passé ?
Dehors, il pleut, il pleut –
pourquoi sont-ils venus vêtir de nouveau d’âme l’argile ;
d’une âme amère, l’argile,
pourquoi sont-ils venus en automne quand il geint, il pleut ,
   
Il pleuvait du vent, il pleuvait la grisaille, il pleuvait,
et cela grinçait dans la nuit comme une porte ouverte,
comme une porte ouverte par où l’on entre,
par où l’on entre avec la pluie et la cendre –
par une porte ouverte.
   
Le passé comme un orage, la femme comme un orage,
pourquoi sont-ils venus sous la pluie, le vent – feuilles mortes,
pourquoi sont-ils venus sous la pluie, passant par ma porte,
sous la pluie comme un orage ?
   
                                                                                  Iaşi, X 1917
   
Benjamin Fondane, Poèmes d’autrefois, Le Reniement de Pierre, traduits du roumain par Odile Serre, Le Temps qu’il fait, 2010, pp. 62 et 63.
*

Ces maraudes d’automne : un sac de noix, quelques pommes
On vole le temps d’avant le froid, on croque cette lumière plus légère, plus fragile
On se sent libre on voudrait que les chemins n’en finissent jamais, on voudrait vivre de ce peu, de ce tout.
L’oiseau dans l’arbre effeuillé :
Est-ce cela vivre à cœur perdu ?

Isabelle Guigou
Cadastre
Clarisse

*
L’enfant marche sur les feuilles
couleurs et bruits
ça vole ça craque
ça va dans le vent
les odeurs mousses et champignons
plumes châtaignes et cailloux

Il a les mains pleines et les poches
c’est son bagage pour
le jour.

Luce Guilbaud
L’enfant sur la branche
L’idée bleue

*
Quand les couleurs des feuilles
Ont changé,

On a dit au garçon
Que venait l’automne.

Il n’a pas compris,
Il a cru

Qu’on entrait
Dans un autre monde

Plus pareil
À celui des légendes.

Guillevic
Creusement
Gallimard

*
Commencement de l’automne

Dans les croassements les corneilles se dispersent
Le paravent de jade plonge dans le silence
L’oreiller neuf offre une fraîcheur tout comme l’air d’un éventail
A mon réveil après un sommeil je cherche d’où vint le bruit d’automne
Au clair de lune le perron est couvert de feuilles de platane
Liu Han
(xi e siècle)
Saisons
Editions Alternatives

*

AUTOMNE A TOUTE HEURE

Automne au matin :
Café, petits pains !

Automne à midi :
Danse, chante et ris !

Automne à quatre heures :
Sur ton pain du beurre !

Automne du soir :
T’endors comme un loir !

Automne à minuit :
Écoute la pluie ! Jacqueline HELD
Zigzag pirouette
solos

dans l’automne
il y a l’eau
l’eau de ci
l’eau de là

l’eau de vie ?
L’eau d’envie !
Dans l’automne
il y a tonne
il y a tôt
il y a tout

tout, tout, tout ?
Tout, tout, tout !
You !
Jacqueline HELD
Zigzag pirouette
solos

rougir
comme le feuillage
d’automne
de la nudité à venir
puis l’accepter
avec ferveur
récompense
des jours vécus
avec le froid qui mord
l’automne
un printemps à l’envers
avec le rouge et le jaune
du rire
en pagaille
Yves Humann
Une musique de langue de terre – © éditions Potentille, 2008

*
On marche dans la rue
la rivière brille
un arbre nous ravit
c’est une belle journée
comme une histoire
elle a début et fin
on n’en tirera nulle morale
le monde est vrai
tout simplement
l’enfant a ramené à la maison
une feuille de platane
de la largeur d’une main
posée sur la table,
il en sourd une très vieille lumière
qui ne doit rien à la raison
on l’adore

Christophe Jubien
La vie n’a toujours pas commencé
Editions Gros Textes, polder 122

Les cris de la folle
dans un tourbillon
de feuilles mortes
.
Saisi par le froid
peut-être le dernier
frelon de l’an !
.
Ma mère morte
ma vieille tante en vient
à lui ressembler
e Jubien
13 h  ·
Une petite suite automnale chartraine…
.
Dieu que je nomme
Dieu que je prie
debout dans la cuisine
en égouttant les nouilles
.
Portant ma main à ma poitrine
ce vieux miracle
d’un cœur qui bat
.
Automne sanglant -
je cours me réfugier
sous une pluie de feuilles d’or !

*

Automne

Bel arbre orange
Feuille à feuille
Tes couleurs se changent en oiseaux

Vengeance du vent
Qui cueille et cueille
Ta parure d’un an
En morceaux
Michel Lautru
Arbres
Donner à Voir

*
Moi je souris, je bois du rhum dans un bol
En regardant des fenêtres monter les femmes
Et tomber les feuilles.
Ce soir d’octobre est ma prairie.
y invite Jean Le Mauve
*

Crépuscule d’automne
Plus une feuille ne bouge
Sauf un rouge gorge
Jean Hugues Malineau
De douceur et d’eau fraîche
Editions Commune Mesure

*

Automne

Il demanda
Au marchand des quatre saisons
un brin d’automne…

Et le marchand lui donna
cent grammes d feuilles
bien dorées
ramassées le latin même…

Des feuilles qui craquaient sous la langue

Marjan
*

Il pleut, il pleut Bastien !
C’est mauvais pour la pomme,
C’est ennuyeux pour l’homme.
• Mais non, ça ne fait rien :
Car la pomme est trop pomme
Pour perdre ses pépins
Et l’homme est bien trop homme
Pour oublier le sien.
Norge
Signes n°4
Les éditions du Petit Véhicule

tu n’es rien d’autre que 
ce que tu cherches. 
Souviens-toi de l’imprévisible. 
 
La couleur de vivre, 
celle de fin novembre, 
l’oubli. 
 
Chemine en toi lentement 
la langue du temps perdu. 
Mots en écho, cris et balbutiements, 
toutes les joies dispersées 
dans l’ombre 
comme feuilles jaunies. 
 
Il y a cette brûlure 
au creux des mains, 
l’inscription d’un vertige 
qui n’a pas de nom 
 
Lionel Ray, Entre Nuit et soleil, Gallimard, 2010, pp. 45 et 46. 
*

Venez, amis les mieux semés devant ma porte. Tandis que la radio se gargarise d’horreurs abominables, nous nous roulerons ensemble sur les châteaux de sable et les banquises brûlantes de nos souvenirs. Le whisky se boit sans eau, les allumettes ne sont pas suédoises, la poêle à frire a l’air de rire, seul le fromage de chèvre est admis dans la maison. Le chemin du bout du monde est à deux pas ; nous irons y cueillir les premières colchiques, les mures juste à point et les dernières framboises dites remontantes. Nous nous assiérons sur des tas de bûches pour digérer nos excès de culture et savoir enfin ce que c’est que l’exil. Venez, c’est le moment où je travaille envers et contre l’écoulement insupportable de la dernière
goutte de la vie.
Jean Rousselot
Journal des poètes 2-2002

*

Deux petits pas
trois petits sauts
un pied dans l’eau.

Deux petits pas
trois petits sauts
deux pieds dans l’eau.

Deux petits pas
trois petits sauts
chaussures trempées.

Deux petits pas
Trois petits sauts
chaussettes mouillées.

Deux petits pas
trois petits sauts
un grand bol de sirop.

Deux petits pas
trois petits sauts
le lundi au dodo.
Jean Siccardi

Dis Pierrot, c’est quand, la récré !
Lo pais

Le vent souffle en septembre,
le portail de l’école est rouillé.
Les feuilles volent en octobre,
les marrons jonchent le gravier.
Le soir tombe en novembre,
Des larmes mouillent mon tablier.
Jean Siccardi

Dis Pierrot, c’est quand, la récré !
Lo pais

demandez au vent
quelle feuille tombera
la première

soseki
*

Poème pour une peinture

Les immenses eaux d’automne
se fondent avec le ciel
Dans les montagnes d’innombrables arbres sombrent au fond du crépuscule
Je hèle la barque pour passer le lac
Allongé, j’admire les falaises
sorties de l’eau au soleil couchant
Tang Yin (1470-1523)
Saisons
Editions alternatives

*
Comme un passeur de légende
Je t’envelopperai d’un long manteau d’automne
Mon poème exhalera l’odeur de la terre mouillée
Nous habiterons les feuilles bruissantes de la pluie
Viens abriter ta joie sous mes mots
Ton oreille posée sur l’écorce écoute grandir l’arbre de notre amour
Nous ne serons jamais en retard d’un silence
Jean-Max Tixier
Friches 119

*

Bulle

Ciel bleu
couvercle
absolu

Aucun souffle
de vie
dans la bulle

A part
une feuille
qui palpite
au cœur
de l’arbre

Une seule

Qui bat
la mesure
du temps

Personne
ne sait
pourquoi

Jean-Claude Touzeil
Remontants et ricochets
Soc et Foc

*

Ce matin très froid dans mon pavillon
Je pense soudain à toi, ermite sur le mont
Tu cherches des fagots au fond du ravin
De retour tu réchauffes des pierres blanches
J’aimerais tant t’apporter une calebasse de vin
Pour te consoler dans cette soirée de pluie et de vent
Mais avec la montagne couverte de feuilles mortes
Où puis-je trouver tes traces ?
Wei Yingwu
737-vers 792
Saisons
Editions alternatives

*
La pluie nouvelle

La pluie nouvelle mouille la colline.
Le crépuscule est un petit automne.
La lune brille entre les pins.
Le torrent est clair parmi les rochers.
A travers les bambous
j’entends rire les lavandières
qui reviennent de la maison.
Le parfum du printemps inspire puis expire.
Comment le retenir avant qu’il ne s’échappe ?

Wang Wei,, (699-759), club français du livre